BIBLIOTHÈQUE
DE PHILOSOPHIE COMPARÉE
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TABLE DES MATIÈRES
I L’INGÉNUITÉ DU PIRE Chap. I - La
beauté du diable Chap. II - La
critique de la critique Chap. III - Le
droit du plus faible II DE L’IDÉALISME AU RÉALISME Chap. IV - Le rationalisme
cartésien et le droit Chap. V -
Responsabilité et culpabilité. Le droit et ses limites Chap. VI -
Aspects de la culpabilité chez Aristote et Thomas d’Aquin III RÉVEILLER LE DROIT Chap. VII - Le
droit ou l’éternel retour Chap. VIII - Le
droit est un songe IV SUR LE VERSANT ROSMINIEN Chap. IX - La
question Rosmini Chap. X - La connaissance dans la
philosophie du droit de Rosmini. Du général à l’universel Chap. XI - Le divin dans la philosophie
du droit de Rosmini. Du général à l’individuel V NOUVELLE INTRODUCTION Chap. XII - Le
concept de droit et l’idée du juste |
EXTRAITS :
La faute
s’apprécie d’abord au regard de l’être et non pas uniquement au regard
de la loi qui n’en est que l’interprète.
C’est à défaut
d’en avoir bien compris une telle distinction que l’on en arrive à commettre
une confusion entre l’ordre éthique et l’ordre juridique.
D’un côté, l’on reporte sur le droit le schéma d’une éthique elle-même assez simpliste pour avoir été moulée dans le cadre qui la préparait à devenir juridique ; et l’on invoque à satiété une « éthique de la responsabilité», qui non seulement fait injure à une exigence éthique, mais entretient certaines passivités de groupe devant le pire (lésions concrètement subies par les personnes existentiellement parlant, au-delà de toute classification ou nomenclature abstraite communément pratiquée). D’un autre côté, l’on refoule dans le domaine ténébreux d’une irrationalité faite de convictions et d’opinions, toute éthique qui se réfèrerait à une connaissance ou à une vérité ontologique et inconditionnée et qui estimerait pouvoir se placer au-dessus de la précédente ; c’est ce qui permet de cautionner des impuissances ou des complaisances pareillement suspectes en maniant une méthode de quantification de la valeur déclarée relative à la subjectivité de chacun.
Mais il est une
dissociation plus fondamentale qui commande finalement l’ensemble des autres.
Elle procède d’une perception métaphysique. Elle porte sur la dualité de la
nature et de la personne dans l’être. Par sa conception de la
responsabilité et de la culpabilité, l’éthique repose sur la
personne, alors que, par sa conception propre, le droit ne s’établit que
sur la seule nature ou « identité ». (…)
La culpabilité
qui déclenche le droit réclame aussi des critères nettement circonscrits. Ils
n’impliquent aucune moralisation ni aucun pathos subjectiviste par hypocrite
appel à des valeurs en soi, et ils écartent tout autant le recours à l’argument
utilitariste, qui vient « adapter » ces valeurs et que n’hésitent pas
à adopter positivistes ou « théoriciens de la justice » ou partisans
d’un « droit naturel » auto-suffisant……………………….…………p. 8
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Culpabilité et responsabilité
juridique :
La culpabilité
qui déclenche le droit réclame des critères nettement circonscrits. Ils
n’impliquent aucune moralisation ni aucun pathos subjectiviste par hypocrite
appel à des valeurs en soi, et ils écartent tout autant le recours à l’argument
utilitariste, qui vient « adapter » ces valeurs et que n’hésitent pas
à adopter positivistes ou « théoriciens de la justice » ou partisans
d’une « droit naturel » auto-suffisant (« nature » visant
alors l’artefact anachronique et de compromis ou de consensus, mais
parfois encore invoqué aujourd’hui, que l’on reporte dogmatiquement sur l’être
en s’épargnant une dialectique critique…). Dans le cas le plus odieux, l’on en
connaît la triste formulation « il
a sauvé des vies « amies », et, pour pouvoir agir ainsi, il a dû en
sacrifier d’autres » ; la vertu est ainsi… pragmatique, pour fuir les
fanatismes des esprits trop tatillons !
Sur
cette voie, s’accumuleront les bonnes raisons, dont la plus péremptoire,
obscurcissant la notion de culpabilité selon le droit, paraît être dans
l’ignorance de la fin ou du but. Mais demande-t-on au responsable juridique
d’avoir eu la connaissance de la fin ou de la réalité la plus large, ou ne
suffit-il pas qu’il ait simplement su ce qu’il faisait dans le champ le plus
réduit de son action (faire arrêter des familles en divisant parents et
enfants, participer à des exécutions de civils,… ou plus banalement, absorber
un produit pharmaceutique onéreux sans s’inquiéter ni de sa nature, ni de
l’anormalité du prix ni du réseau financier qu’il soutient) ? La
responsabilité et la culpabilité devant le droit, devant
l’histoire……………………………………………………..p. 9
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Personnalisme :
Le personnalisme,
j’eus bien aimé que l’on en décomposât des éléments, mais mes arguments
n’avaient guère été lus, au moins par ceux-là qui faisaient fonctionner la
lecture établie ; quand au personnalisme que l’on supposais que je
reprenais, mais sans plus de précision, il y avait évidemment une erreur totale,
car justement je m’efforçais de m’en démarquer, mais ce même personnalisme
d’ailleurs était si mal traité et caricaturé, sans pouvoir se défendre, que
j’eus été tenté de plaider sa cause, même s’il se situait aux antipodes de ma
pensée, par méfiance à l’égard de tous les rationalisme du sujet fin-en-soi
d’un côté (néo-kantiens) et de tous les sociologismes de la relation de l’autre
(néo-hégéliens). Alors j’ai donc suscité un autre mot
(« prosopologique »). Mais ce mot lui-même la critique artificielle
s’en est emparé : elle paraissait pourtant prise au piège, car il semblait
l’obliger à affronter l’inconnu, et elle avait en réalité de choix entre deux
voies : soit continuer la production nivelatrice de ce qui lui est
extérieur, en l’ignorant – bien qu’il ait le malheur de correspondre à ce que
les spécialistes du droit probatoire privé nomment un fait de
« notoriété » –, soit s’y rallier, le vanter, le récupérer, mais dans
son sens à elle, en gommant son sens intrinsèque, et en faisant comme si
elle pouvait y trouver l’avantage d’un développement ou d’un prolongement de
son propre logos. Et voilà que mon nouveau langage a fait « école »,
et que l’on s’en est ici ou là réclamé, quelle fortune!, ou que l’on s’en est
inspiré sans toujours forcément être très explicite, mais dans la nouvelle
perspective remodelée par la critique artificielle qui l’avait adopté et s’en
était faite la protectrice : mais le même processus de dénégation et de
refus du contenu se redéclenchait, qui traduisait la même attitude de récupération
permanente de la pensée tout court et d’allergie à la critique
substantielle…………………………………………………………………………………………………………....p. 33
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Jean-Marc
Trigeaud, n. 28 déc. 1951 à Bordeaux, philosophe et juriste de formation,
lauréat et docteur d’État de l’Université Panthéon-Assas (Paris II), il
est professeur de philosophie du droit à l’Université Montesquieu Bordeaux
IV.
Il appartient à
diverses institutions scientifiques internationales et académies étrangères (il
est notamment Membre d’honneur de l'Académie Royale Espagnole, section
législation et jurisprudence, de l’Académie des lettres et arts de
Modène et Correspondant de l’Académie nationale de droit et sciences
sociales de Cordoba/Arg., co-fondateur de la Société internationale pour
l’unité des sciences). Il figure au comité de direction scientifique de
nombreuses collections et revues internationales (a été membre du comité de
direction des Archives de philosophie du droit, Paris, Sirey, 1983-1990,
et co-rédacteur en chef 1991-2005 ).
Traduit en
plusieurs langues, il est l’auteur de plus de deux cents publications
principales en philosophie du droit, dont plus d’une dizaine d’ouvrages
fondamentaux. Plus de douze mille pages publiées ayant donné lieu à plus de
deux cent articles de recensions et recherches
universitaires dans le monde. Son domaine essentiel demeure la
philosophie juridique, politique et morale dans une orientation résolument
métaphysicienne et soucieuse d’une ouverte à la théologie. Il s’est enfin
engagé, suivant les mêmes thèmes et perspectives, dans l’approche comparée des
mythes et des cultures et dans la critique esthétique.
Aspects
bio-bibliographiques : American Biographical Institute et Philosopher’s
Index ; Justice et tolérance : chap. X.I ;
Métaphysique et
éthique... : chap.10.
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DU MÊME AUTEUR,
hors B.P.C.
La possession des
biens immobiliers, nature et fondement, (prix Picard Université de Paris II),
préf. F. Terré, Paris, ed. Economica, 1981, X-632 p.
Essais de
philosophie du droit, Gênes, Studio ed. di Cultura (col. “ Bib. Filosofia
Oggi” –35), 1987, 350 p. (épuisé)
Une peinture de
l’expectative. Essai sur l’esthétique de F. Bellomi, (bilingue),
trad. Vittoria Ambrosetti-Salvi, Vérone, Accad. Belli Arti, Cignaroli, 1988
Philosophie
juridique européenne. Les institutions, (dir. J.-M. T.), L’Aquila-Roma, ed.
Japadre (col. « Categorie Europee » - 16), 1988, 216 p.
Persona ou la
justice au double visage, Gênes, Studio Editoriale di Cultura (col. « Nuova
Bib. Filosofia Oggi » - 1), 1990, 300 p. (épuisé)
Notices de
philosophie du droit à l’Encyclopédie universelle de philosophie, Paris,
P.U.F., volumes « Notions », 2 t., 1990, et « Œuvres », 2
t. 1991, et au Dictionnaire de philosophie politique, Paris, P.U.F.,
1996