Centre français d'études rosminiennes

Année 2001

 

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La mission rosminienne en Angleterre

 

Terence WATSON, i.c.

Rosmini House

Durham (England).

 

 

 

 

 

 

1- Rosmini et l'Angleterre

Antonio Rosmini nourrissait une affection particulière pour l'Angleterre. Il a bientôt reconnu certaines qualités de cette nation, par exemple, sa stabilité politique et l'équilibre de sa constitution ¹. De plus il a accepté l'esprit religieux du peuple. Il écrit : "Les catholiques anglais tiennent une place spéciale dans mon cœur. Je ne sais pas ce que je ferais si j'étais capable de les aider dans la moindre chose. Quant à moi, je pense à ne négliger en aucune manière tout ce que la Divine Providence m'inviterait à faire à leur avantage ; je voudrais leur donner même mon sang pour la gloire de notre Seigneur, quoique mon sang n'ait aucune valeur[1]". Dans son grand ouvrage, la Philosophie du Droit, il écrit que l'Angleterre est "une nation où l'on ne peut nier que le sentiment de la moralité et de la justice est grand et populaire". On voit qu'Antonio Rosmini était déjà préparé, au moins mentalement, pour une œuvre apostolique en Grande-Bretagne.

 

 

2- La situation catholique en Angleterre.

En Grande Bretagne, depuis le règne du roi Henri VIII jusqu'au XIXème. siècle, l'Église Catholique n'avait aucun droit légal d'exister. Cependant, au début du siècle, les catholiques pouvaient pratiquer leur religion sans trop de harcèlement pourvu qu'ils n'exercent pas d'actes publics. On ne leur permettait pas de construire des églises. Mais les choses changèrent lorsque le gouvernement passa l'Acte d'Émancipation en 1829. Alors, au sein d'une section de l'Église Anglicane une sorte de renouvellement se développa, que l'on appela l'Oxford Movement. Beaucoup d'Anglicans se convertirent en effet à la Foi catholique, et le résultat général en fut un enthousiasme vif et zélé pour la conversion de toute l'Angleterre. On parlait d'un nouveau printemps pour la Foi catholique, "the Second Spring", le deuxième printemps. C'est ainsi que se convertirent à cette époque certains Anglicans : John Henry Newman, Lord Shrewsbury, F.W. Faber, Nicholas Wiseman (qui deviendra le premier cardinal de Westminster), Henry Manning (lui aussi devenu cardinal de Westminster), Augustus Welby Pugin (qui comme architecte, dessina des dizaines d'églises nouvelles pour les Catholiques, après l'Émancipation), et aussi un certain William Lockhart[2], ami et disciple de Newman et par la suite, disciple de Rosmini, religieusement et philosophiquement.

On peut vraiment dire que le terrain religieux en Angleterre était prêt à recevoir une nouvelle évangélisation et que l'Église Catholique devait jouer un rôle dans la vie publique de la nation. La Providence mettait en train une contribution italienne à ce Second Spring.

 

3- Bishop Baines.

Un Catholique anglais qui a accueilli l'Émancipation de l'Église avec beaucoup d'énergie chrétienne fut Augustine Baines. Homme de caractère bizarre, il était moine bénédictin, jadis le sous-prieur d'un monastère  au nord de l'Angleterre. Il quitta ce monastère pour aller travailler à la mission bénédictine de Bath, ville historique recherchée par la haute société anglaise. Parmi ses projets, il désirait fonder un collège, un séminaire et, avec optimisme, une université catholique, parce que, même après l'Émancipation, aucun catholique ne pouvait fréquenter des deux universités d'Oxford et de Cambrigde. Or Baines, pour réaliser son ambition, avait besoin d'assistants. Il retourna alors à son monastère avec sept moines (et aussi avec des vaches!) pour aller occuper un grand château splendide, appelé Prior Park, situé tout près de Bath. Plus tard, il devint évêque et fut nommé Vicaire apostolique de cette région. Mais après toutes ces pérégrinations, et ses rapports difficiles avec des gens divers, sa santé ne put plus résister et il lui fallut se reposer : il se rendit alors à Rome, sans perdre néanmoins de son enthousiasme, et durant son séjour, s'est attaché à recruter des professeurs pour son collège.

 

 

3-Ambrose Philips Delisle.

Parmi les convertis au catholicisme, se trouvait un jeune homme appelé Ambrose Delisle. D'une famille anglicane, Delisle s'est converti quant il n'avait que seize ans. Tout de suite, il s'est totalement voué à sa nouvelle Foi et désirait travailler à la conversion de toute l'Angleterre. C'est ainsi que trois ans plus tard, alors qu'il avait dix-neuf ans, plein de zèle apostolique, il convertit lui-même un prêtre anglican appelé Spencer, ancêtre de l'actuelle Princesse de Galles. Delisle s'est marié avec une jeune fille d'une ancienne famille anglaise catholique, et pour ce mariage, reçu de son père le manoir et le domaine qui porte le nom français de "Grâce à Dieu". Ainsi, il devint propriétaire d'une importante terre dans le comté de Leicestershire, au centre de l'Angleterre. Enfin, suivant l'habitude de beaucoup de convertis, il voulut visiter la capitale du monde catholique et arriva à Rome en 1830.

 

 

4-Antonio Rosmini.

Dans le déroulement de cette histoire, un troisième personnage joua un rôle décisif : Antonio Rosmini. En 1828, il était allé à Rome pour obtenir l'approbation papale de l'œuvre qu'il avait entreprise à Monte Calvario, dans la vallée de l'Ossola, non loin de la frontière suisse-italienne : un nouvel ordre religieux appelé Institut de la Charité. Mais ses affaires se sont prolongées, et à l'occasion de ce séjour forcé, il publia le livre qui présente le fondement de tout son système philosophique : l'Origine des Idées. De plus, en 1830, il fit la connaissance d'un jeune romain, étudiant en vue du sacerdoce, Luigi Gentili.

 

 

6-Luigi Gentili.

Luigi Gentili, un vrai romain, était diplômé à la fois en droit civil et en droit canonique, et nourrissait la grande ambition de devenir membre du "set" social et aristocratique de Rome. Plein de confiance et d'énergie, il chercha et obtint un titre de noblesse et apprit à jouer du piano, parce qu'il avait une voix forte et mélodieuse, et savait bien chanter. Ainsi, il put s'introduire dans les classes élevées de la société romaine. Il fréquentait les salons des familles aristocratiques et riches, et, pour aider son dessein, entreprit de parler couramment l'anglais. Un jour, il fit la connaissance d'une jeune anglaise dont il tomba amoureux. Il lui proposa le mariage, ce qu'elle accepta. Mais malheureusement, le gardien de la jeune fille était l'évêque Baines de Bath, qui ne considérait pas Gentili comme un mari convenable à sa pupille! Sans perdre davantage de temps, Baines enleva la pauvre jeune fille en toute hâte pour l'éloigner de Rome. Pour Gentili, le monde s'était effondré. Il devint un désenchanté de la vie de la société, et se mit à cultiver non plus les choses du monde, mais celle de Dieu, et commença à travailler à son sacerdoce. Au cours de cette période, la rencontre avec Rosmini lui fit autant d'impression qu'il désira se faire membre du nouvel ordre religieux fondé par Rosmini.

 

 

7-Les origines de la mission.

Il faut donc que nous tournions notre attention vers Rome, parce que c'est là que les origines de la mission rosminienne anglaise trouvent leurs racines.

Bien que Monseigneur Baines ne voulut pas Gentili comme époux de sa pupille, il s'aperçut de ses remarquables qualités. Évidemment, Gentili, comme prêtre, serait un bon professeur. Il l'invita donc à venir à Prior Park. Gentili, toujours prêt à faire quelque chose pour le bien de l'Angleterre répondit positivement.

Ambrose Delisle, lui aussi pendant sa visite à Rome, cherchait un prêtre "zélé et bien instruit" qui évangéliserait les tenanciers de ses terres en Leicestershire, dont la pauvreté était extrême. Il s'adressa au Collège irlandais où il fit la connaissance de Gentili, et les deux hommes discutèrent la possibilité d'une mission anglaise. Encore une fois, Gentili s'était montré très enthousiaste pour l'entreprise. Mais il ne pouvait plus prendre aucune décision parce qu'il s'était déjà soumis à l'obéissance envers Rosmini.

En 1831, Rosmini retourna à Monte Calvario. Gentili lui écrivit pour l'informer des demandes des deux Anglais. Rosmini montra le même enthousiasme que Gentili, mais il voulait d'abord que celui-ci accomplisse son noviciat à Monte Calvario et se prépare à la mission. Entre-temps, Delisle était parti de Rome pour commencer son voyage de retour en Angleterre. Il resta quelques jours à Milan, et là, fit la connaissance personnelle d'Antonio Rosmini. Les deux hommes ont lié une amitié intime. Bien entendu, Delisle a parlé avec  effusion de ses projets d'évangélisation et Rosmini a encore une fois exprimé son propre enthousiasme, prêt à coopérer aux projet du jeune homme.

Monseigneur Baines, de son côté, s'était adressé directement et personnellement à Rosmini afin d'obtenir des professeurs pour son collège de Prior Park. Alors, il fallait que Rosmini décidât entre Baines et Delisle, mais la solution du problème se trouvait déjà écrite dans les Constitutions de L'institut de la Charité : il faut accorder la préférence aux requêtes des évêques. En tout cas, Baines avait persuadé Delisle de retirer sa requête. L'on a alors accepté que les missionnaires rosminiens aillent enseigner au collège de Prior Park.

 

 

8-Les missionnaires.

Dans le noviciat de Monte Calvario, se trouvait un jeune français, de Carpentras en Savoie, nommé Émile Belisy, et il semble que Rosmini l'avait déjà considéré adapté à la mission anglaise. Plus tard, un autre Français, Antoine Rey, savoyard lui aussi, entra dans l'Institut, et Rosmini le destina à être le troisième membre de la mission. Le nombre des premiers missionnaires s'arrêtera donc à trois : un prêtre italien parlant couramment l'anglais et deux français qui, à ce moment là, ne le parlait pas du tout.

La période de préparation pour cette mission dura quatre années. Pendant ce temps, à part la vie religieuse, les deux français devaient apprendre l'anglais, et Rosmini qui avait été  choisi pour devenir curé de la paroisse de sa ville natale, Rovereto, pris Gentili avec lui pour mieux lui faire approfondir son système philosophique.

Tous trois, les missionnaires devraient se trouver ensemble à Prior Park, prêts à commencer l'année scholastique 1835.

A ce point de l'histoire, il faut faire mention du rapport entre Rosmini et le Pape Grégoire XVI. Rosmini, lors de sa première visite à Rome en 1823, avait fait la connaissance de l'Abbé Mauro Capellari et tous deux étaient devenus de bons amis. Rosmini avait demandé conseil et direction en ce qui concerne la fondation du nouvel ordre, et Capellari l'avait bien soutenu et encouragé. De surcroît, Capellari appréciait le génie philosophique du jeune prêtre. Cet échange et ce soutien sont restés solides et cordiaux quand l'abbé devint cardinal, et fut enfin élu à la papauté, prenant le nom de Grégoire XVI. Rosmini voulait que son Institut reste toujours fidèle et attaché au Saint-Siège. Donc, au moment où la mission anglaise semblait devenir une réalité, il chercha d'abord l'approbation du Pape qui lui envoya un Bref (décembre 1834) dans lequel il indique qu'il laisse"à sa prudence d'accepter ou non la mission proposé par Mgr.. Baines"[3]. Une fois décidé, Rosmini envoya Gentili et ses deux confrères à Rome pour recevoir la bénédiction personnelle du Pape. Le Pape accueillit les pèlerins bien cordialement le 15 mai : il les informa qu'il n'y avait que seize prêtres en tout à Londres malgré une population catholique aussi importante que celle de Rome. Il les a ainsi encouragé : "Que le Seigneur vous ouvre un champ large. Tenez aux principes sains et enseignez la doctrine saine. Que Dieu vous bénisse, vous aide et vous fasse prospérer". Une semaine plus tard, les voyageurs quittèrent la Ville Éternelle pour prendre le bateau à Gênes, mais juste avant le départ, le Pape est monté à bord pour les bénir encore une fois. Il voyagèrent par Paris où Gentili, à la demande de Rosmini, fit une visite de politesse au philosophe Victor Cousin.

Ils arrivèrent à Londres le 16 juin 1835. Leur première impression fut sombre et mélancolique. Gentili écrit à Rosmini : "Il nous semblait entrer dans la ville de Pluton : maisons noires, bateaux noirs, matelots sales, tout couverts de saleté. Les eaux de la Tamise étaient d'une couleur jaune sale et exhalaient une puanteur très agressive. A terre, tout n'était que bruit et confusion : chevaux, charrette, hommes de toute condition, qui couraient et se croisaient - en bref, le diable est là, intronisé, exerçant sa domination tyrannique sur les misérables mortels".

 

 

9-Prior Park.

Ainsi, en automne1835, les trois missionnaires commencèrent à enseigner au collège de Prior Park : Gentili enseignait la philosophie et l'italien, Rey la théologie et Belisy, le français. Mais dès le début, les choses n'allèrent pas bien. A part les difficultés à s'adapter aux coutumes et au mode de vie des anglais, pour ne rien dire de l'état délabré de la religion catholique (d'après l'avis de Gentili), on devait combattre les singularités et la domination de Mgr. Baines, …comme aussi le mauvais temps anglais! Baines commençait à exercer une certaine autorité sur la petite communauté religieuse, qui menaçait son indépendance d'action. Au surplus, il manquait aux trois religieux cette union d'esprit tellement désirée et recommandée par Rosmini. L'une des plaintes était que Gentili ne permettait aux autres de se raser que deux fois par semaine! Rosmini les encourageait sans cesse et les conseillait selon l'esprit de leur vocation. Cependant, malgré ces difficultés et malgré les plaintes contre les "coutumes romaines" introduites par Gentili à la pratique de la religion, l'entreprise prospérait et l'évêque en était si content qu'il nomma Gentili Président du Collège.

Néanmoins, le comportement de l'évêque avait éloigné quelques uns des professeurs et pour les remplacer, il sollicita l'aide de l'Institut de la Charité. Alors, Rosmini lui envoya encore généreusement cinq membres du jeune ordre : l'un de ces hommes s'appelait Giovanni Batista Pagani, prêtre et jadis directeur spirituel au séminaire de Novare. Malheureusement, Antoine Rey ne parvint pas à surmonter ses difficultés personnelles et par la suite, quitta l'ordre, tout en continuant à enseigner au Collège. Mais les troubles et les difficultés touchant Mgr. Baines augmentaient. De plus, il intervenait dans la discipline. Mais la plus grande difficulté pour le pauvre évêque était que l'un des moines qui l'avaient accompagné au monastère était entré dans l'ordre de Rosmini. Baines craignait que tout le personnel ne devint rosminien et il se résolut à envoyer Gentili ailleurs! Pagani devint alors supérieur de la communauté à Prior Park.

 

 

10-Loughborough, Grâce Dieu et Ratcliffe

Mais la Providence ne dormait pas. Car c'est à ce moment-là qu' Ambrose Delisle réitéra sa demande à Rosmini d'accueillir Gentili afin que celui-ci accomplisse des missions aux environs de Grâce Dieu en Leicestershire. Gentili arriva à Grâce Dieu en juin 1840. Maintenant, il était en mesure de commencer un travail qui apporterait beaucoup de bien à l'Église catholique en Angleterre. Et en peu d'années en effet, il convertit à la Foi des centaines de gens en Leicestershire. Il passait toute la journée à visiter les villages autour de Grâce Dieu, prêchant courageusement la parole de Dieu à un peuple protestant ou presque sans aucune religion. Bien entendu, ses efforts suscitèrent une vive opposition : dans les rues, on lui lançait des immondices, de la boue, on brûlait son effigie… Mais lui, sans aucune interruption, poursuivait son apostolat d'évangélisation. La même année, Delisle remit à Rosmini la première paroisse rosminienne en Angleterre, dans la petite ville de Loughborough, non loin du manoir de Grâce Dieu, et pour la première fois (1841) l'ordre possédait une maison stable dans le pays.

Rosmini voulait toujours que l'Institut fondât un noviciat en Angleterre. Tout d'abord, un noviciat fut établi dans la maison paroissiale de Loughborough, mais elle était trop petite. Don Luigi, ou bien "Doctor Gentili" (comme les Anglais l'appelaient) cherchait un lieu plus convenable ou l'on pourrait construire un noviciat.. Enfin, il réussit à acheter (secrètement, bien entendu, par crainte des protestants voisins) une pièce de terrain située à 10 kilomètres de Loughborough, tout près du village de Ratcliffe, et là fut édifié le noviciat. De plus, Gentili voulait ouvrir un collège pour garçons, et il pensait faire aménager un bâtiment assez grand pour les deux fonctions. Rosmini l'en approuva. Ainsi, le noviciat commença en 1844, et quatre années plus tard, s'installèrent les premiers élèves de Ratcliffe Collège. On peut vraiment dire que la mission rosminienne anglaise était désormais bien enracinée en Angleterre.

Cependant, à Prior Park, les rapports entres les rosminiens et l'évêque continuaient à se détériorer. Après quelques heurts avec Baines (trois Anglais étaient entrés dans l'Institut) Pagani et deux autres Rosminiens quittèrent le collège pour se fixer à Loughborough. Les Rosminiens restés à Prior Park ne pouvaient non plus retrouver la paix et l'harmonie : Baines avait commencé à en utiliser quelques uns hors du collège. Enfin en 1842, l'Institut quitta alors Prior Park, le premier chantier des travaux rosminiens en Grande Bretagne

 

 

11-Les missions en paroisse.

Les travaux apostoliques et zélés de Luigi Gentili avaient produit de grands fruits aux environs de Grâce Dieu. Comme je l'ai dit plus haut, des centaines de protestants convertissaient à l'Église Catholique. Par conséquent, sa réputation et son influence avait commencé à se répandre partout dans le royaume. Son mode de vie ascétique et sa mise en application totale de l'Évangile avaient fait une grande impression. Les demandes de son ministère se multipliaient. Le résultat en est que lui et un autre rosminien anglais ont alors entamé en 1843 un nouveau ministère, celui de prêcher des missions dans les paroisses. Jusque là, cette forme de ministère n'était pas connu en Angleterre. On demandait aussi à Don Luigi de prêcher les exercices spirituels au clergé. Il passait beaucoup de temps à s'attacher aux questions confessionnelles ; il introduisaient de nouvelles dévotions, surtout le culte de la Mère de Dieu au mois de Mai ; il se donnait totalement toute la journée, mangeait et dormait peu. Les fidèles venaient en grand nombre aux missions écouter cet orateur italien. En 1848, on réclama son ministère en Irlande, mais au cours d'une mission dans le quartier pauvre de Dublin, il contracta le typhus et mourut le 26 septembre. Don Luigi Gentili fut la première offrande de la mission anglaise.

 

 

12-Les sœurs de la Providence (rosminiennes).

Il faut faire mention, même dans un très court récit comme celui-ci, de l'autre branche de la famille rosminienne, les sœurs de la Providence, sœurs rosminiennes. Après que l'Institut se fut établi à Loughborough, en 1843, Rosmini y envoya trois sœurs italiennes pour fonder une école. Cette entreprise a bien réussi et des jeunes filles anglaises sont rentrées par la suite dans la congrégation qui a continué à grandir et à promouvoir des œuvres charitables.

 

 

13-Conclusion

Antonio Rosmini, suivant les indications de la Providence, et se confiant complètement à Dieu, a lancé la mission en Angleterre à l'époque du Second Spring, et l'a dirigé personnellement, prudemment et courageusement au moyen d'une correspondance intensive sans jamais poser le pied sur le sol anglais. Cette grande entreprise qu'il a mis en chemin au moyen des missionnaires italiens et français et des sœurs, s'est aujourd'hui totalement identifiée avec l'Église catholique anglaise (et galloise!). Le collège de Ratcliffe existe encore, un collège de co-éducation dont les élèves viennent de Hong Kong, de Singapour, du Niger, d'Espagne et même de France. Le manoir d'Ambrose Delisle est devenu l'école préparatoire de Ratcliffe. La paroisse de Loughborough demeure toujours sous le ministère des fils spirituels de Rosmini. Et il me plaît bien de penser que, en 1985, lors de la célébration du cent cinquantième anniversaire de la mission rosminienne, dans la cathédrale de Canterbury (lieu très historique pour la religion chrétienne en Angleterre), se trouvaient présents en esprit Antonio Rosmini, Luigi Gentili, Giovanni Batista Pagani et bien d'autres hommes et femmes rosminiens qui ont si bien travaillé dans le vignoble du Seigneur.



[1]Letters, vol 3, p. 589

[2]La biographie de Rosmini a tété traduite en français à la fin du XIXè. siècle aux Éditions Perrin.

[3] Giorni Antichi, vol. 3, p.14.